Interrogée sur le coût du chômage partiel pour les finances publiques, la ministre du Travail n'a pas donné de chiffre mais a assuré que l'Etat paierait "coûte que coûte".

Le recours au dispositif du chômage partiel concerne jeudi 2 avril 400.000 entreprises et quatre millions de salariés, soit "un salarié sur cinq du secteur privé, entreprises ou associations, qui est au chômage partiel", a annoncé Muriel Pénicaud sur Franceinfo, parlant d'"une montée en puissance extrêmement forte". La veille, cela concernait 3,6 millions de salariés et 337.000 entreprises, avait indiqué la ministre du Travail à l'issue du Conseil des ministres.

"On n'a pas d'idée précise sur ceux qui vont travailler, mais on sait en gros qu'il y a la moitié de l'activité économique qui fonctionne, au sens large", a-t-elle précisé, assurant qu'elle pensait "à ceux qui se lève tous les matins pour aller travailler", tels que les soignants, les membres des forces de l'ordre ou encore les caissières, et qui ont "un rôle essentiel pour le pays". 

Interrogée sur le coût de cette mesure pour les finances publiques, Mme Pénicaud n'a pas donné de chiffre mais a assuré que l'Etat paierait "coûte que coûte". Interrogé mercredi par l'AFP, son entourage avait évoqué une dépense potentielle de 11 milliards d'euros sur trois mois. Ces dépenses seront assumées aux deux tiers par l'Etat, et à un raison d'un tiers par l'Unedic.

"On ne va pas travailler dans n'importe quelles conditions"

Sur Franceinfo, Muriel Pénicaud a par ailleurs critiqué les initiatives de certains employeurs, qui tentent de faire revenir travailler leurs salariés en leur faisant signer des décharges de responsabilité où ces derniers s'engagent à ne pas les poursuivre s'ils contactent le Covid-19. "Ca ne sert à rien, ça n'a aucune valeur juridique", a insisté la ministre, en rappelant que la responsabilité des employeurs portait de toutes façons uniquement sur les "moyens" de protection mis en place face au coronavirus.

"Un employeur n'est pas responsable si un salarié tombe malade et attrape le coronavirus, qui peut malheureusement être attrapé partout". Mais "s'il n'a pas mis en place le guide de bonnes pratiques, les gestes barrière, à ce moment là il engage sa responsabilité", a-t-elle rappelé. "On ne va pas travailler dans n'importe quelles conditions. C'est normal et ce n'est pas nouveau", a-t-elle conclu.


Une "prime Macron" pour les salariés du public ?

Alors que Muriel Pénicaud avait annoncé la veille que la prime défiscalisée, aussi appelée "prime Macron", destinée aux salariés du privé, pourrait être portée à 2.000 euros dans certains cas, elle a indiqué jeudi qu'une "réflexion active" était en cours pour récompenser les salariés du public mobilisés contre le coronavirus.

"Nous pensons effectivement qu'il faut soutenir tous ceux qui ont un rôle essentiel aujourd'hui", a-t-elle assuré. "On y réfléchit au sein du gouvernement, comment on va aussi saluer les efforts dans le secteur public. C'est une réflexion très active ces jours-ci", a poursuivi la ministre, en précisant que cette mesure serait annoncée "le moment venu" par le Premier ministre. En tout état de cause, le dispositif ne prendra "pas vraiment les même formes" que le coup de pouce prévu pour les salariés du privés, a toutefois prévenu Mme Pénicaud.


Interrogé sur ces dispositifs, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a estimé jeudi que l'octroi de primes ne devait pas être réservé au privé. "L'Etat ne peut pas demander aux entreprises privées" de verser des primes "et ne pas le faire lui même", a-t-il insisté sur France info.