C'est très loin des objectifs de la France... Moins de 1% des pères prennent un congé parental à temps plein après la naissance de leur enfant, selon une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE, Sciences Po Paris) publiée jeudi.
Dans le détail, pour le congé à taux plein, le recours des pères est passé de 0,5% à 0,8% quel que soit le rang de l'enfant, malgré une réforme adoptée en 2015 pour les encourager à rester plus longtemps à la maison. Pour le congé à taux partiel, le recours des pères d'un premier enfant est passé de 0,7% à 0,9% et celui des pères ayant deux enfants ou plus de 1% à 1,8%.
Les pères ne franchissent pas le pas
Depuis début 2015, le congé parental est passé à deux ans pour les familles ayant au moins deux enfants, contre trois précédemment, sauf si les parents se le partagent. Mais les pères semblent donc peu enclins à prendre le relais.
"Nous estimons que 70% des pères (contre seulement 25% des mères) qui travaillent à temps partiel renoncent à percevoir l'allocation de congé parental à laquelle ils ont droit sans modifier leur comportement d'activité et, depuis la réforme, sans réduire le droit au congé de leur conjointe", écrivent les auteurs de cette étude.
Indemnisation trop faible
Ils avancent plusieurs explications : d'abord une indemnisation proposée 399 euros par mois pour un congé à temps plein, quelle que soit la rémunération antérieure, sans doute jugée trop faible.
Les auteurs de l'OFCE évoquent aussi "un effet genré du congé parental". Selon eux, "les pères ne demandent pas cette allocation soit parce qu'ils supposent qu'ils n'y ont pas droit, soit parce qu'ils estiment que le congé parental est une affaire de femme ou encore parce que dans leur environnement professionnel leurs collègues masculins n'y recourent pas, ce qui les dissuadent de le faire".
"Il est possible qu'avec la diffusion de ce droit progressivement le recours des pères augmente et s'accélère mais jusqu'en 2018, nous n'observons pas une telle dynamique. Quoiqu'il en soit cela suggère qu'une meilleure indemnisation du congé parental ne suffirait probablement pas pour accroître le recours des pères", d'après l'étude.