Un hiver qui s'annonce "compliqué". La France est bien préparée pour la saison froide, avec des stockages de gaz presque plein, a assuré le président du conseil d'administration d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu.

Mais il faudra surveiller de près la consommation hexagonale pour pouvoir passer l'hiver sans pénurie, a-t-il avancé.

"Cet hiver, ce qui va être compliqué, c'est de gérer nos stockages", a-t-il expliqué sur France Inter. On est beaucoup mieux préparés qu’on ne le craignait il y a 3 ou 4 mois", selon lui, avec un "approvisionnement sécurisé".

"Les stockages en France sont remplis à plus de 95%", a indiqué Jean-Pierre Clamadieu, alors que l'objectif est de les remplir entièrement. "On n’était pas certain d'y arriver. On a augmenté de manière massive les bateaux méthaniers, les bateaux qui transportent du gaz naturel liquéfié. On est sur un rythme de 30 ou 40 bateaux par semaine" contre "10 méthaniers en Europe, il y a un an", a-t-il détaillé.

Pour le président d'Engie, il faudra gérer "de manière très attentive ces stockages pour éviter (...) le coup de froid de fin d’hiver".

"Le sujet essentiel, c'est la réduction de la température (de chauffage) des logements et des bâtiments tertiaires (...) Un degré, c'est 7% d'économies sur la consommation de gaz en France", a-t-il précisé. 

"Il faut trois conditions pour que l'on arrive à passer l’hiver sans difficulté majeure", a avancé Jean-Pierre Clamadieu. "La météo, il faut que ce soit un hiver normal, et pas très froid. Il ne faut pas que l'activité économique redémarre en Asie et la Chine. Et puis la troisième condition est d'arriver à ces 10% de réduction de consommation."

Par ailleurs, le président d'Engie est revenu sur l'impact de la crise énergétique sur l'industrie. "Les hausses de prix ont un impact très fort sur les industriels et on a vu malheureusement ces dernières semaines en Europe une réduction significative de la consommation des grands industriels gazo-intensifs, les gros consommateurs de gaz", a-t-il souligné.

Tous fournisseurs confondus, la tendance observée sur les marchés est de "30% de réduction" par rapport à l’an dernier, "ce qui est une bonne nouvelle pour l'équation gazière de fin d’année, mais une mauvaise nouvelle pour l'industrie européenne", a expliqué le président du premier fournisseur de gaz en France, ex-GDF Suez.

"Les industriels voient un signal prix qui les conduit à arrêter leurs usines, à déplacer des productions dans d'autres régions du monde", a-t-il poursuivi, en précisant qu'en France, la réduction de la consommation gazière des gros industriels s'élève à 15%.