Le groupe coopératif Tereos, premier sucrier français (marque Beghin Say), a enregistré une perte nette due à la chute des cours mondiaux lors de son exercice 2017/18, mais est devenu le deuxième producteur mondial de sucre et prévoit de continuer à grandir en ouvrant son capital.

"Le groupe veut accentuer sa diversification et se développer", a déclaré mardi devant la presse François Leroux, président du conseil de surveillance, sans entrer dans les détails de ce projet qui sera présenté dans les jours qui viennent en assemblée générale devant les 12.000 agriculteurs-coopérateurs du groupe.

Tereos a résisté à la violente chute de 25% des cours mondiaux qui a marqué la fin des quotas sucriers en Europe: il a enregistré une légère progression de ses ventes (+3% à 4,98 milliards d'euros), notamment grâce à une production de sucre record de 5,3 millions de tonnes de sucre (+26%), qui fait de Tereos le deuxième groupe sucrier mondial derrière l'allemand Südzucker (6,2 millions de tonnes).

Le résultat net est néanmoins dans le rouge, avec une perte de 23 millions d'euros contre un bénéfice de 73,1 millions l'année précédente. Avant distribution de "compléments de prix"  à ses coopérateurs betteraviers, Tereos était bénéficiaire de 24 millions d'euros.

Le groupe souligne avoir limité l'impact de la baisse des cours en ayant "bien couvert ses exportations et quelques ventes au Brésil": "pour l'année qui vient, on a la moitié de nos exportations couvertes avant la baisse" des cours, a indiqué Alexis Duval, président du directoire.

"On a anticipé la baisse, pas forcément dans ces proportions là", a-t-il toutefois reconnu.

Un recul des cours était en effet attendu compte tenu du caractère cyclique de l'activité du sucre et de la fin des quotas en Europe, même si certains observateurs du secteur soulignent que la dégringolade des marchés ces derniers mois est du jamais vu.

Le plongeon des cours est dû notamment à une explosion de la production mondiale. En Europe, elle a grimpé de l'ordre de 20%, avec des augmentations des surfaces des champs de betteraves amplifiées par les bonnes conditions météo.

Réduire la dépendance au sucre

Mais d'autres pays ont aussi vu leur production exploser: l'Inde, notamment, a ainsi produit presque plus de sucre que le Brésil, premier producteur mondial, grâce là aussi à des conditions climatiques excellentes, passant de 20 à 30 millions de tonnes de sucre.

Afin de se préserver de ce type d'accident, le groupe a entamé une diversification tous azimuts et se félicitait mardi que le sucre ne représente plus que 46% de ses ventes l'an passé, contre 66% l'année d'avant.

D'autant qu'avec la fin des quotas en Europe, et les appétits suscités, "le marché est structurellement excédentaire", pour Alexis Duval, qui rappelle que depuis l'annonce de la réforme en 2014, les cours ont baissé de 40%.

Tereos a accru ses parts de marché de sucre en Europe, passant de 11% à 14% cette année, mais il souhaite réduire sa dépendance en poursuivant sa politique de diversification, notamment vers les innovations en produits sucrants, les protéines végétales et les activités amidonnières, lesquelles ont augmenté de 10% cette année.

Pour ce faire, Alexis Duval, le président du directoire de Tereos, a ouvert la porte à l'entrée d'autres acteurs dans la société.

"On souhaite présenter aux coopérateurs le début d'une réflexion qui peut nous conduire à terme à ouvrir le capital de Tereos à des tiers non coopérateurs", a t-il déclaré.

Ce projet, s'il se confirme, serait effectif d'ici deux à trois ans, selon Alexis Duval. "La réflexion démarre", a-t-il ajouté, précisant toutefois que le groupe resterait "majoritairement coopératif".

Tereos, qui entend poursuivre le développement de son réseau de distribution international afin d'accompagner le déplacement du centre de gravité de la croissance sucrière de l'Occident vers les pays émergents, a également annoncé son intention de devenir un leader du sucre bio, avec des champs de betteraves bio en France, et de la canne bio au Brésil dès 2019.