Un prêtre a également été grièvement blessé dans cette attaque qui a touché ces deux lieux de culte distants de quelques centaines de mètres l'un de l'autre dans cette cité portuaire du sud de l'Espagne située face aux côtes marocaines.

Plusieurs centaines de personnes, certaines en pleurs, se sont réunies à la mi-journée devant l'église Nuestra Señora de La Palma dans laquelle officiait le sacristain. Une minute de silence a été observée tandis que retentissaient les cloches de l'église, a constaté l'AFP. 

Sur la place où est mort Diego Valencia, des fleurs ont été déposées et des cierges allumés. 

Selon les faits relatés par le ministère de l'Intérieur, le suspect - qu'une photo prise après son arrestation montre la barbe fournie et souriant - a attaqué mercredi après 19H00 (18H00 GMT) le prêtre de l'église de San Isidro, Antonio Rodríguez, "armé d'une machette, le blessant grièvement".

"Il s'est ensuite rendu à l'église Nuestra Señora de La Palma, où il s'en est pris au sacristain". Ce dernier a "réussi à sortir de l'église mais a été rattrapé à l'extérieur par l'assaillant qui lui a infligé plusieurs blessures mortelles", a poursuivi le ministère.

Grièvement blessé au cou, le prêtre était, pour sa part, "hors de tout danger", a fait savoir jeudi sa communauté religieuse.

- En instance d'expulsion -

Le ministère de l'Intérieur a précisé qu'une "procédure d'expulsion avait été ouverte en juin pour situation irrégulière" contre le suspect. 

Il n'avait "pas d'antécédents pénaux ou en matière de terrorisme en Espagne ou dans des pays alliés" et n'était pas surveillé par les services espagnols "ni ces derniers jours, ni auparavant", a-t-il ajouté. 

Une source sécuritaire a confirmé à l'AFP qu'il n'était pas fiché pour radicalisme en Espagne ou en France.

Selon plusieurs médias, ce jeune Marocain, arrêté immédiatement après l'attaque dont le gouvernement n'a pas qualifié jusqu'ici la nature, vivait à proximité des églises visées.

Le parquet a annoncé mercredi soir l'ouverture d'une enquête pour des "faits présumés de terrorisme" qui a été confiée au tribunal madrilène de l'Audience nationale.  

"Nous enquêtons. Une perquisition au domicile de l'auteur présumé a eu lieu aujourd'hui (...) et son issue pourra évidemment déterminer la nature des faits, nature terroriste ou toute autre nature", a souligné le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de Stockholm où il participait à une réunion avec ses homologues européens.

"Il n'y a pas de tiers impliqués dans les faits", a assuré le ministre, qui doit se rendre à Algésiras dans la journée.

- "Comme dans un film" -

Présent dans les dépendances de l'église Nuestra Señora de La Palma au moment de l'attaque, José Manuel Calvo a raconté avoir entendu l'assaillant pousser des cris. Des témoins directs lui ont dit qu'"il parlait d'Allah".

Dans cette ville de 120.000 habitants, la stupeur dominait.

"Dans ces moments-là, tu crois être dans un film", car "quand cela t'arrive, tu n'y crois pas", a confié à l'AFP Juan José Marina, le prêtre de cette église, qui n'était pas à Algésiras au moment de l'attaque.

"Si je suis vivant, c'est parce que Diego est mort", a-t-il ajouté, très ému.

- "Ne pas diaboliser" -

Les appels à ne pas rompre la coexistence entre les communautés se sont multipliés en Espagne après cette attaque. 

Condamnant des faits "injustifiables", le secrétaire général de la conférence des évêques espagnols, Mgr César García Magán, a mis en garde contre  "le danger de diaboliser des communautés".

"Nous sommes détruits (...) Cette personne ne représente pas l'islam et les valeurs musulmanes", a dit, de son côté, Dris Mohamed Amar, le porte-parole de l'Union des Musulmans du "Campo de Gibraltar", un district dont fait partie Algésiras, à la radio publique.

Le dernier attentat majeur perpétré en Espagne remonte à août 2017, lorsque deux attaques commises par une cellule jihadiste avaient fait 16 morts et 140 blessés sur l'avenue des Ramblas de Barcelone et dans la station balnéaire de Cambrils (nord-est).