Environ 102 000 militants PS sont appelés à choisir jeudi parmi quatre candidats les deux finalistes qui pourront briguer le poste de premier secrétaire le 29 mars, avec l'espoir qu'enfin le PS relève la tête après des mois de marasme.

Le vote, physique, aura lieu dans les quelque 3200 sections du parti de 17H00 à 22H00.

Quatre textes d'orientation, numérotés 1, 2, 3 et 4, sont soumis au suffrage des militants : "Un Progrès partagé pour faire gagner la gauche" (Luc Carvounas), "Cher.e.s camarades" (Stéphane Le Foll), "Socialistes, le chemin de la renaissance" (Olivier Faure), "L'union et l'espoir" (Emmanuel Maurel).

Les résultats définitifs ne devraient être communiqués que vendredi matin, à l'issue d'une réunion de la "commission de récolement" présidée par le coordinateur du parti, Rachid Temal. Mais la direction du PS devrait donner avant minuit un ordre d'arrivée, "s'il y a un écart significatif entre les candidats", selon le service de presse du parti.

Pour limiter les risques de triche, les résultats collectés par les fédérations remonteront de manière informatique tout au long de la soirée à Solférino, où des représentants des quatre candidats seront réunis chacun devant un écran dans une "war room".

Le corps électoral compte quelque 102 000 militants, ayant cotisé en 2015, 2016 ou 2017. Ils devront pour voter se mettre à jour de leur cotisation 2018 s'ils ne l'ont déjà fait. Dans les faits, selon M. Temal, seuls 30 000 électeurs devraient se déplacer, contre environ 71 000 au congrès de Poitiers de juin 2015.

L'hémorragie de militants, entamée durant le quinquennat de François Hollande, n'a fait que s'aggraver après la bérézina électorale de 2017 et le départ de nombreux leaders du parti, à La République en marche ou dans le sillage de Benoît Hamon.

"Chantier titanesque"

Parmi les quatre candidats, le seul à être véritablement connu des Français est l'ancien porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, comme est venu le rappeler assez cruellement un sondage Harris Interactive la semaine dernière - où 14% pensaient que l'ancien ministre Stéphane Le Foll "ferait le meilleur premier secrétaire du PS", devant Olivier Faure (3%), Emmanuel Maurel (2%) et Luc Carvounas (1%), tandis que 80% estimaient ne pas les connaître suffisamment pour se prononcer.

Mais le président du groupe Nouvelle gauche à l'Assemblée Olivier Faure apparaît comme le favori du scrutin, après avoir obtenu le soutien de nombreux patrons de fédérations --plus de la moitié, selon son entourage--, et de nombreuses personnalités du PS, de Martine Aubry à l'ancien député vallsiste Philippe Doucet.

Le sénateur Rachid Temal est venu lundi ajouter son nom à cette longue liste, estimant que M. Faure était le plus à même d'engager la "refondation idéologique" du parti.

"Je ne vois pas comment Olivier Faure n'est pas au deuxième tour", concède un de ses adversaires.

Lors du débat télévisé entre les quatre candidats le 7 mars sur LCI, M. Faure est apparu particulièrement tendu, donnant du grain à moudre à ceux de ses concurrents qui pointent son manque supposé de charisme.

Son entourage estime au contraire qu'il est sorti gagnant de l'exercice, au même titre que l'eurodéputé Emmanuel Maurel. "Olivier Faure était venu montrer qu'il était le seul à pouvoir rassembler l'ensemble des socialistes. La nature du débat en a fait la démonstration", se félicite-t-on.

La bonne prestation de M. Maurel serait aussi favorable in fine à M. Faure. "Le fait qu'Emmanuel Maurel carbonise Luc Carvounas, ce n'est pas une mauvaise nouvelle pour Olivier Faure. Cela veut dire que M. Maurel sera deuxième (plutôt que Stéphane Le Foll, NDLR)", décrypte son entourage. Dans cette hypothèse, le député de Seine-et-Marne pourrait s'imposer sans trop de difficulté face au représentant de l'aile gauche du parti, habituellement minoritaire.

Mardi soir à la Belevilloise (Paris XXe), les quatre candidats ont à nouveau débattu, cette-fois hors caméra. Devant quelque 200 militants parisiens, il se sont pris à espérer de nouveau. "Nous pouvons relever le parti plus vite que beaucoup le croient", a lancé M. Maurel, en soulignant le bon score du socialiste Joël Aviragnet lors de la partielle de Haute-Garonnne dimanche.