"La justice doit se montrer aux Français".

Dans un souci de transparence et de compréhension, Eric Dupond-Moretti souhaite une justice "filmée et diffusée", d'ici à la "fin de son quinquennat". C'est ce qu'a annoncé le Garde des Sceaux dimanche 27 septembre, dans les colonnes du Parisien

Alors que le torchon brûle entre le ministre et les magistrats, qui ont manifesté partout en France la semaine dernière contre notamment l'enquête administrative sur trois membres du parquet national financier (PNF), Eric Dupond-Moretti a répondu aux questions de lecteurs du quotidien sur le fonctionnement et sa vision de la Justice. 

"Garantie démocratique"

"Quand on rentre au palais de justice et qu'on prête serment, on se rend compte à quel point c'est compliqué", a avancé le Garde des Sceaux. "Je suis pour que la Justice soit désormais totalement filmée et diffusée. La justice doit se montrer aux Français. La publicité des débats est une garantie démocratique". Eric Dupond-Moretti a justifié un souhait de transparence du processus juridique "avant la fin du quinquennat". "On y réfléchi avec mes services", a-t-il assuré. 

En France, depuis 1954, les caméras, appareils photographiques et enregistreurs de son sont interdits en salle d'audience dès qu'un procès démarre. Une exception existe pour les procès "historiques", comme celui des attentats de Charlie Hebdo, qui a lieu actuellement, et dont les images entreront dans les archives nationales, consultables par les chercheurs et le grand public.

Interrogé également sur l'augmentation "historique" du budget de la justice de 8%, qu'il a promis pour 2021, Eric Dupond-Moretti en a profité pour ajouter qu'il souhaitait voir se mettre en place une "justice civile et pénale et proximité". Le futur budget qu'il décrit comme une "hausse historique" servira donc à de nouvelles embauches, qui "permettront aux juges d'aller plus vite, notamment pour répondre aux enjeux de la petite délinquance". 


Confronté à la grogne des magistrats au sujet notamment de l'enquête administrative en cours sur trois membres du PNF dans l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, Eric Dupond-MOretti s'est comparé à ses prédécesseurs qui avaient mené des réformes marquantes. "Quand madame Guigou a fait la loi du 15 juin 2000 de réforme de la procédure pénale, certains sont allés Place Vendôme pour jeter des codes. Monsieur Badinter n'a pas toujours fait l'unanimité et aujourd'hui c'est une icône", a-t-il illustré. "Moi, ce qui m'importe, c'est que les Français aient davantage confiance en la justice de ce pays".