Plus de 19.000 personnes ont manifesté mercredi 14 juillet en France pour protester contre les annonces d'Emmanuel Macron. En cause : les déclarations du président lundi soir, qui a annoncé la mise en place d'une obligation de se faire vacciner pour les soignants et d'autres professions, ainsi que l'extension du pass sanitaire à la plupart des lieux publics.

C'est au nom de la "liberté" que les opposants ont voulu faire entendre mercredi leur mécontentement. "Contre la dictature", "contre le pass sanitaire", parmi les slogans scandés dans les rangs du cortège parisien.

Dictature, le mot à faire réagir Clément Beaune, le secrétaire d'État chargé des Affaires européennes. "Les mots ont un sens dans le débat public. La violence n'est pas justifiée, l'outrance et l'excès non plus. J'aimerais qu'il y ait beaucoup de dictatures comme la France dans le monde", a-t-il déclaré sur Franceinfo. "On a organisé pour tous, et c'était notre responsabilité, l'accès à la vaccination en quelques mois. (...) L'accès est généralisé, gratuit. Ce mot me choque énormément. On peut avoir des désaccords, des débats sur le pass sanitaire, sur la question du vaccin, on peut avoir des interrogations, il peut y avoir de la fatigue et même de la colère. On ne peut pas dire n'importe quoi", a-t-il ajouté.

Sur BFMTV, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, interrogée sur le cas d'une manifestante portant une étoile jaune 'non-vaccinée", a jugé "abjectes" la comparaison avec la Shoah. "Il faut savoir garder la mesure de ce qu'on est en train de faire, et comparer la question de la vaccination à la question de l'holocauste, je trouve que c'est très grave", a-t-elle déclarée, évoquant des excès mais assurant "entendre les personnes qui protestent". 

"Nous sommes dans une grande démocratie qui donne de la liberté à nos compatriotes à partir du moment où cette liberté n'est pas au détriment de la liberté des autres et de la vie des autres", a réagi de son côté sur Cnews Franck Riester, ministre délégué au commerce extérieur. 

Une atteinte aux libertés individuelles 

Toujours sur Franceinfo, Maître Patrice Spinosi, avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation, spécialiste des libertés individuelles admet dans les mesures fortes et inattendue du gouvernement "une atteinte à nos libertés individuelles". "Mais la question qui va se poser devant les juridictions, qu'il s'agisse du Conseil constitutionnel ou du Conseil d'État, c'est : est-ce que cette atteinte est justifiée ? Est-ce qu'il y a des raisons suffisantes et suffisamment importantes pour que collectivement, nous devions subir cette atteinte ?", interroge-t-il au micro de la radio publique. "Je ne vois pas le Conseil d'État dans son avis ni le Conseil constitutionnel lorsqu'il devra connaître cette loi nouvelle, chambouler les propositions qui ont été faites par le gouvernement", explique-t-il soulignant qu'il est important de distinguer l'obligation vaccinale et l'extension du pass sanitaire.

Selon un sondage Elabe publié mardi, les mesures annoncées lundi par le chef de l'Etat sont approuvées par une majorité de Français. Une large majorité (76%) adhèrent notamment à l'obligation de la vaccination pour les personnels soignants et d'autres professions. Isolement de 10 jours obligatoire et contrôlé pour les cas positifs, jusqu'à 45.000 euros d'amende et un an de prison pour les exploitants de lieu qui manqueraient à leurs obligations de contrôle figurent notamment dans l'avant-projet de loi qui intégrera les annonces d'Emmanuel Macron.