Le Premier ministre, réfutant "toute "arrière-pensée" ou "calcul", s'exprimera à l'occasion de débats suivis de votes consultatifs à l'Assemblée mardi après-midi et au Sénat mercredi. Il avait indiqué la semaine dernière qu'il privilégiait "à ce stade" le maintien au 13 et 20 juin de ces élections qu'on annonce difficiles pour la majorité.

Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a indiqué mardi matin sur RTL que Jean Castex allait finalement proposer de décaler le premier tour au 20 juin et le deuxième au 27 juin, une piste confirmée à l'AFP de source gouvernementale.

L'objectif, selon M. Ferrand, est de "gagner du temps de vaccination, permettre aux campagnes de se faire" et "que ceux qui briguent la succession des sortants puissent se faire connaître, dialoguer avec les Français".

"C'est le bon choix", a estimé sur franceinfo le député européen RN Jordan Bardella. "On gagne une semaine de vaccination, une semaine de campagne et une semaine d'organisation", s'est félicité pour sa part le député LREM Roland Lescure.

Le maire LR de Meaux, Jean-François Copé a lui ironisé: "On va laisser monsieur Castex annoncer les dates et si ça correspond grosso modo à ce que nous voulons, tout ira bien. Si ça permet de sauver la face de monsieur Ferrand, hein!".

C'est effectivement, fait valoir un membre de la majorité, "une manière de sauver le soldat Ferrand" qui était favorable à un report à l'automne, contrairement à Stanislas Guerini, le délégué général du parti présidentiel, et Christophe Castaner, chef de file des députés LREM.

- Tambouille politicienne -

Mais en demandant directement aux maires de répondre via les préfets avant lundi midi par "oui" ou "non" à la question de savoir si les conditions préconisées par le Comité scientifique leur semblaient réunies pour tenir les élections, le gouvernement avait semé le trouble. Il s'est attiré les foudres des associations d'élus et de l'opposition, qui l'ont soupçonné de vouloir reporter des élections a priori défavorables pour la majorité.

"Ce qui me choque c'est la manière dont les maires ont été consultés, en catimini", a dénoncé le patron des députés LR Damien Abad mardi sur RFI, appelant à "sortir de cette dérobade, de cette tambouille politicienne qui lasse les Français".

"Depuis 4 ans, nous reprochons au gouvernement de ne pas suffisamment consulter les élus locaux (...) et soudainement, il fallait consulter en 24H les 35.000 maires par l'intermédiaire des préfets. Curieux procédé !", s'est étonné dans le Figaro le président LR du Sénat Gérard Larcher.

"Le Premier ministre a consulté la terre entière et il a bien fait. Et je veux ici condamner tous ceux qui tantôt hurlent parce qu'on ne les consulterait pas assez et ensuite hurlent parce qu'on consulte tout le monde", a répondu M. Ferrand.

Devant les députés LREM mardi matin, Jean Castex, rejetant toute "arrière-pensée" ou "calcul", a défendu sa "méthode" et la "règle" de "maintenir autant que faire se peut les élections" si les conditions sanitaires peuvent être respectées. Il n'y a "pas de place pour la caricature", a-t-il ajouté, soulignant que "40% des maires pour un report, ce n'est pas +circulez il n'y a rien à voir+".

Une majorité (56%) de maires directement consultés se sont prononcés pour le maintien des scrutins. Au total, environ deux tiers (69%) d'entre eux ont répondu.

L'AMF, dirigée par François Baroin et considéré par certains comme présidentiable à droite, s'est félicitée, avec un brin d'ironie, que les élus "conformément à l'avis formulé par ses instances représentatives (...) aient manifesté leur volonté que le calendrier électoral soit respecté" et "su placer l'intérêt général au-dessus de toute considération politique". 

Le scrutin avait déjà été reporté de mars à juin en raison de la crise sanitaire, comme l'avait proposé l'ancien président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré dans son rapport remis au gouvernement à la mi-novembre.

Revenant sur la polémique des derniers jours autour d'un nouveau report, auquel il était défavorable, M. Debré a trouvé sur BFMTV "fascinant cette capacité du pouvoir actuel de créer des problèmes là où il n'y en a pas".