"Elle était la seule à croire au tandem". Les relations se tendent entre le patron des Républicains Laurent Wauquiez et sa numéro deux Virginie Calmels, venue du privé, proche d'Alain Juppé et qui détone par son franc-parler.

Les critiques fusent au sommet de LR. La semaine dernière, la N.2 du parti a publiquement critiqué le fameux tract intitulé "Pour que la France reste la France" au contenu jugé "anxiogène", et pointé un "dysfonctionnement" dans la prise de décision du parti, alimentant les reproches sur ce thème contre Laurent Wauquiez.

Le patron de LR lui-même s'en est pris à "ceux qui critiquent ou qui divisent". Avant de passer une deuxième couche en évoquant les "responsabilités particulières" d'un dirigeant de parti. "J'attends de Virginie qu'elle le comprenne", a-t-il cinglé.

Brice Hortefeux a encore moins mâché ses mots, évoquant la "soif d'ambition" de cette N.2 qui doit cependant avoir "toutes les compétences" pour "comprendre" les règles du jeu. "NKM is back, le talent en moins", mitraille un autre dirigeant en référence à Nathalie Kosciusko-Morizet, dont l'inimitié avec M. Wauquiez était notoire.

"Je ne crois pas que ce soit manquer de solidarité que de simplement pouvoir avoir sa liberté de penser. C'est pour ça qu'on est venu me chercher. Il n'y a pas un maître et une élève, il y a, à mon avis, des hommes et des femmes qui normalement doivent pouvoir dialoguer, débattre", a répondu lundi l'intéressée lors de l'émission "L'Épreuve de vérité" sur Public Sénat, en partenariat avec l'AFP, Radio Classique et Les Échos.

"Ça veut dire quoi un impératif de solidarité ? Quand on vous pose une question, il faut mentir ?", a-t-elle insisté.

La réunion de direction mardi risque d'être animée. Selon plusieurs sources, un nombre non négligeable de fédérations n'a pas distribué le fameux tract ce week-end, ce qu'a démenti lundi un porte-parole, mais confirmé Mme Calmels.

La N.2 de LR "assume" sa différence et sa liberté de ton. Ce qui, dans le landerneau politique, donne: "une femme brillante, exceptionnelle, un grand sens des affaires" mais "aucun sens politique". "Est-ce qu'elle est faite pour ça ?", s'interroge un membre de la garde rapprochée de M. Wauquiez.

L'engagement partisan est en effet une seconde vie pour cette diplômée de Sup de Co Toulouse, qui fut successivement directrice financière de Numéricable, directrice générale déléguée de Canal+, patronne d'Endemol France puis directrice général d'Endemol monde avant de devenir la première adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux en 2014.

"La droite des classes affaires"

"J'assume", c'est même le titre de son livre dans lequel cette libérale assumée raconte en détail les coulisses de l'élection présidentielle, du fiasco à la primaire d'Alain Juppé à l'interminable feuilleton du plan B avorté après les déboires du candidat François Fillon.

Souvent, le style Calmels déménage. Edouard Philippe et son conseiller Gilles Boyer ? "Les principaux artisans de la défaite d'Alain Juppé sont aujourd'hui à Matignon". Laurent Wauquiez, avec qui elle s'est alliée pour former "un tandem" pour reprendre le parti ? "Le personnage le plus détesté de la droite française".

Quant à Guillaume Peltier, dont le positionnement "populaire" s'accorde mal avec son libéralisme assumé, sa nomination comme vice-président "peut surprendre", a écrit celle qui avait séché la photo de famille de présentation de la nouvelle équipe dirigeante des Républicains. Mais "Guillaume ne fera rien contre elle, ce n'est pas un sujet pour lui", assurait récemment son entourage.

Celle qui fut également tête de liste de la droite en Nouvelle-Aquitaine aux régionales en 2015 est "très appréciée chez les jeunes élus", selon un dirigeant du parti. "Elle est vraie dans son engagement. Elle a vraiment envie de faire le job", relève un parlementaire LR.

Mais alors qu'on lui prête l'ambition de conduire la liste LR aux européennes --elle dit n'avoir "pas fait acte de candidature"--, Virginie Calmels n'a pas que des partisans. "C'est quand même la droite des aéroports internationaux, des classes affaires", juge un membre du parti qui ne croit guère en ses chances de conduire cette liste.

Le "tandem" à la tête de LR supportera-t-il une autre secousse ? "La réalité, c'est que ce n'est pas une pièce majeure pour Laurent pour les années à venir", évacue un soutien de M. Wauquiez.