Le circuit de la Coupe du monde a tellement appris à vivre sous le joug du Français que la moindre de ses défaillances constitue en soi un évènement. Le quintuple champion olympique avait idéalement attaqué la saison en remportant d'entrée l'Individuel, jeudi, mais sa mécanique s'est soudainement enrayée, l'obligeant à observer de très loin son grand rival norvégien Johannes Boe s'offrir un doublé.

Mais le plus grave pour le Français (30 ans), c'est surtout de ne pas parvenir à appréhender les raisons véritables de ses deux échecs retentissants.

"Je ne comprends pas trop ce qui se passe dans mon corps, a-t-il ainsi expliqué après la poursuite de dimanche. Ce ne sont pas mes sensations, elles ne correspondent pas du tout aux standards que je peux avoir. Je n'arrive pas à aller à une vitesse convenable, et du coup je ne comprends pas trop pourquoi. Est-ce que c'est un virus ? Une méforme passagère ? Je préférerais qu'il y ait une gastro ou quelque chose de visible qui puisse expliquer ça, mais malheureusement il n'y pas de maladie visible à l'extérieur."

'C'est problématique'

"Cela ne peut pas être un problème d'entraînement parce qu'on a eu une préparation prudente en novembre et ça allait très bien la semaine dernière, a-t-il ajouté. C'était encore correct lors du relais mixte (victoire avec l'équipe de France en ouverture de la Coupe du monde, le 2 décembre, ndlr). Mais depuis, ce sont des sensations loin de mes valeurs, que je n'analyse pas trop."

Après avoir bouclé le sprint à une 24e place indigne de son statut vendredi, Fourcade avait pourtant eu droit à un jour de repos, histoire de recharger les batteries et d'en savoir plus sur ce mal mystérieux qui le ronge, mais la poursuite de dimanche, qu'il a préférée ne pas terminer, n'a pas eu le don de le rassurer ni de donner des réponses satisfaisantes à l'encadrement.

"On a du mal à retrouver le Martin d'il y a 15 jours et c'est problématique, a ainsi lâché l'entraîneur des Bleus, Vincent Vittoz, sur la chaîne L'Equipe après la course. On ne comprend pas trop ce qui se passe."

Pour le moment, le septuple tenant du Gros Globe de cristal assure ne pas avoir d'"inquiétude" pour la suite de la saison, mais il ne sait pas quand il pourra réellement disposer de la totalité de ses moyens physiques. De quoi sérieusement l'ébranler.

Repos

"Je suis intimement persuadé que ça va passer, après j'espère que ça passera en une semaine et pas en un mois", a-t-il confié.

Faute de remède miracle, c'est désormais du repos qui a été prescrit au Français avant la prochaine étape de la Coupe du monde à partir de vendredi (sprint) à Hochfilzen (Autriche), qui compte bien puiser dans son vécu pour remonter la pente.

"Je ne vais pas passer une semaine très sereine mais d'un autre côté, j'ai des repères forts, 7 ans de victoires de Coupe du monde dans mon sac à dos et une préparation qui s'est très bien déroulée", a-t-il indiqué.

Autre élément de nature à le réconforter: la belle santé du "groupe France", qui a décroché deux podiums chez les hommes (Antonin Guigonnat 2e du sprint, Quentin Fillon-Maillet 2e de la poursuite) et un chez les dames (Justine Braisaz, 3e du sprint).

"Cela me conforte dans les choix qu'on a pu faire et je sais que ces performances-là, je suis capable de les faire et c'est plutôt une grande confiance, a estimé Fourcade. En faisant le même week-end avec une équipe qui ne marque pas de point, le questionnement aurait été tout autre, on se serait demandé si on n'avait pas loupé la préparation. Ce n'est pas du tout le cas."