Bolt rate ses adieux, les Français réalisent un bilan remarquable, Makwala au coeur d'une improbable polémique... Voici ce qu'il faut retenir de ces Mondiaux.

Bolt, le roi déchu
Il s'attendait très certainement à une bien meilleure fin. Depuis 2008 et les Jeux Olympiques de Pékin, dont il fut l'une des grandes stars, Usain Bolt n'a eu de cesse de prouver qu'il était le seul et unique patron du sprint mondial. Les titres s'accumulaient en même temps que s'écrivait son incroyable légende. Lieu de son deuxième triomphe olympique, en 2012, Londres avait le privilège d'accueillir cet été « la Foudre » pour la dernière compétition de sa carrière. Ses nombreux supporters imaginaient un final en apothéose, couronné par deux nouvelles médailles d'or. Ils ont rapidement déchanté. Sur 100m, le Jamaïcain a dû se contenter de la troisième place, derrière le très prometteur Chris Coleman et surtout le pestiféré Justin Gatlin. Quelques jours plus tard, mis sur orbite par ses coéquipiers en finale du 4x100m, Bolt a été victime de crampes et s'est écroulé, laissant les Britanniques s'envoler vers la victoire. C'est en donc en boitant et en affichant un rictus de douleur que celui qui fut la star de l'athlétisme des années durant a quitté la scène. A l'instar de sa figure de proue, la délégation jamaïcaine est d'ailleurs passée complètement à côté de ses Mondiaux (ce qui peut aussi s'expliquer par l'absence pour grossesse de Shelly-Ann Fraser-Pryce). Ainsi, Bolt s'en est allé. Ses records et sa personnalité, en revanche, resteront dans nos esprits pendant encore très longtemps...
L'exceptionnel bilan des Français
Diminuée par ses nombreux absents (Eloyse Lesueur, Dimitri Bascou, Floria Gueï...) et par ses athlètes ayant eu une préparation tronquée par les blessures (Jimmy Vicaut...), la délégation française est arrivée à Londres sur la pointe des pieds. Ce qui n'a pas empêché les représentants tricolores de briller, bien au contraire. La première mèche a été allumée par Pierre-Ambroise Bosse, qui a placé une attaque lointaine afin de surprendre ses adversaires et d'aller cueillir le titre (800m). Vice-champion olympique à Rio, Kévin Mayer a parfaitement assumé la succession d'Ashton Eaton et s'est paré d'or (décathlon). Yoann Diniz a quant à lui survolé le 50km marche, alors que Mélina Robert-Michon a pris la médaille de bronze au lancer du disque, preuve de son aptitude à se transcender dans les grands championnats. Enfin, même si le sacre mondial se refuse toujours à Renaud Lavillenie, le perchiste auvergnat s'est encore invité sur le podium (troisième). Avec cinq médailles, dont trois en or, la France établit l'un des meilleurs bilans de son histoire et termine à la quatrième place au classement des nations. Difficile de rêver meilleur début d'olympiade !
L'incroyable imbroglio Makwala
C'était, sur le papier, l'un des plus sérieux concurrents de Wayde van Niekerk sur 400m. Isaac Makwala n'a pourtant pas pu prendre le départ de la finale du tour de piste. La raison ? Une mise en quarantaine qui a beaucoup fait jaser. Le Botswanais a été absent des séries du 200m à cause d'une intoxication alimentaire, comme il l'a expliqué sur sa page Facebook. L'IAAF a alors estimé qu'il faisait partie des athlètes contaminés par un virus s'étant propagé parmi plusieurs délégations et le place en quarantaine pour 48h. Mais le lendemain, Makwala, apparemment en meilleure forme, s'est présenté à l'entrée du stade, avec la ferme intention de pouvoir défendre ses chances sur 400m. Il n'a pas obtenu gain de cause et a dû assister au sacre de son rival sud-africain depuis sa chambre d'hôtel. Devant le tollé suscité par cette polémique, l'IAAF a affirmé avoir examiné le natif de Tutume, ce qu'a fermement nié l'intéressé. Ce dernier a néanmoins droit à une séance de rattrapage sur 200m, où il a disputé sa série tout seul, sous une météo dantesque qui ne l'a pas empêché de se qualifier. L'histoire aurait pu être belle s'il s'était ensuite imposé en finale, mais « Badman » a échoué à la sixième place.
Lasitskene, une victoire loin d'être neutre
Sevrée de JO en 2016 en raison de la suspension infligée aux athlètes russes pour dopage institutionnalisé, Maria Lasitskene est revenue sur le devant de la scène en 2017. Autorisée à concourir sous bannière neutre, tout comme plusieurs de ses compatriotes, la championne du monde en titre du saut en hauteur a conservé son bien, devant Yuliia Levchenko et Kamila Licwinko. Jusque-là, rien d'anormal tant « Macha » était favorite de l'épreuve. C'est la scène qui a suivi cette victoire qui est passée à la postérité. En tant qu'athlète neutre autorisée, Lasitskene n'a pas eu le droit de brandir le drapeau russe suite à son succès. Elle n'a pas non plus entendu l'hymne de la Russie au moment de la remise des médailles, mais celui de l'IAAF.De quoi être partagée entre la satisfaction individuelle d'avoir dominé la concurrence et la déception de n'avoir pas eu droit aux honneurs habituellement dévolus aux vainqueurs...
Une hiérarchie souvent bouleversée
D'une manière générale, ces Mondiaux ont été marqués par de nombreuses surprises. Outre le titre de Justin Gatlin sur 100m ou celui de Pierre-Ambroise Bosse sur 800m (évoqués plus haut), d'autres épreuves ont accouché sur des résultats éloignés de ce qu'avaient prédit les bookmakers. Ramil Guliyev a par exemple créé la sensation en s'emparant de l'or sur 200m. Pour la dernière course de sa carrière, Mo Farah a été devancé par Muktar Edris sur sur 5000m, une distance sur laquelle Almaz Ayana a elle aussi dû s'incliner (deuxième). Favorite du 400m, Shaunae Miller-Uibo a dominé toute la course avant d'être victime de crampes à vingt mètres de l'arrivée et d'échouer au pied du podium. Enfin, qui aurait pu mettre une pièce sur un doublé américain à l'occasion du 3000m steeple féminin (Emma Coburn en or, Courtney Frerichs en argent) ?