Les Gallois reconnaîtront-ils les Bleus dimanche? De son incroyable défaite en ouverture du Tournoi des six nations, le 1er février (24-19), au quart de finale de Coupe du monde à Oita (sud du Japon), le XV de France a vu son encadrement renforcé et son plan de jeu amendé.

+ De la "remontada" à la Bérézina

16 à 0, l'affaire semble entendue à la mi-temps: les Bleus se dirigent, ce 1er février au Stade de France, vers un succès face au pays de Galles qui lancera idéalement leur Tournoi et leur saison menant au Mondial japonais.

C'est oublier qu'ils sont fragiles, sortent de tests de novembre 2018 ratés, où ils ont notamment laissé filer, à la dernière minute, une victoire face à l'Afrique du Sud (26-29). De nouveau à Saint-Denis, les vieux démons ressurgissent: deux erreurs de Yoann Huget et Sébastien Vahaamahina, la dernière à 8 minutes de la fin, permettent aux Gallois de l'emporter (24-19).

Le XV de France, lui, attaque en plein doute le déplacement à Twickenham, le week-end suivant, où il sera laminé (44-8), pris notamment sous le feu croisé des coups de pied offensifs anglais.

+ L'Ecosse sur des chardons ardents

Le naufrage en Angleterre entraîne plusieurs décisions fortes. De la part du sélectionneur Jacques Brunel, qui écarte la charnière clermontoise Parra-Lopez, coupable d'avoir critiqué à demi-mot l'encadrement; elle est remplacée par la jeune paire Dupont-Ntamack, qui guide le jeu des Bleus au Japon.

Brunel, téléguidé par le N.2 de la Fédération Serge Simon, tente également de retirer le capitanat à Guilhem Guirado pour le confier à Jefferson Poirot. Refus du Bordelais et du groupe, qui soutient Guirado et va l'épauler, dans ses relations avec le staff, en mettant formellement en place un conseil des sages.

La communication externe est également modifiée: les joueurs désignés, lassés de passer à tour de rôle devant télévisions, radios et presse écrite, parleront désormais une seule fois aux médias -- format depuis abandonné. Et lors de la conférence de presse du capitaine, la veille de France-Ecosse (23 février), Guirado sera accompagné de Picamoles. Sauf à de rares exceptions, le capitaine sera depuis épaulé par au moins un joueur lors de ses points-presse.

+ Tournoi raté, encadrement renforcé

Les Bleus réagissent en dominant l'Ecosse (27-10) mais sombrent de nouveau en Irlande (26-14) deux semaines plus tard avant de terminer le Tournoi par une victoire miraculeuse en Italie (25-14). Pendant ce temps-là, les Gallois réalisent le Grand Chelem.

Face au péril d'une première élimination en poules en Coupe du monde, le président de la Fédération Bernard Laporte décide d'adjoindre Fabien Galthié à Jacques Brunel. D'abord réticent, le sélectionneur se range à la volonté présidentielle: Galthié, futur sélectionneur, est officiellement nommé en charge de l'animation offensive le 7 mai.

Il débarque début juillet, lors de la préparation, avec un nouveau responsable de la préparation physique, Thibault Giroud, et Laurent Labit, son futur adjoint chargé des arrières. Entre-temps, Mathieu Bastareaud, pourtant vice-capitaine, est évincé du groupe élargi retenu pour la Coupe du monde (18 juin). Il est jugé pas assez mobile, soit le mantra, justement, de Galthié.

+ Une préparation, de nouveaux systèmes

Avec Galthié et Giroud, les Bleus suent pendant les deux mois et demi de préparation pour combler leur retard athlétique, technique et tactique sur les meilleures nations.

Les premiers effets se font sentir lors des trois matches de préparation (deux victoires et une défaite). En défense, le XV de France contrôle moins et agresse davantage l'équipe adverse, alors que l'ouvreur aide désormais l'arrière pour la couverture du "troisième rideau", leçon tirée des défaites face aux Gallois et aux Anglais.

En attaque, le cinq de devant est circonscrit à un périmètre limité, afin de garder de l'influx pour répéter le maximum de tâches. Et l'ensemble de l'équipe, de son propre aveu à l'image de Jefferson Poirot mardi, dispose de plus de repères et "structures" sur lesquelles se reposer. Offensivement mais aussi pour se rassurer lors de ses "passages à vide". Cela fut loin d'être évident contre l'Argentine en ouverture du Mondial (23-21). Et près d'un mois plus tard ? Réponse dimanche.