07 février 2013
Il a dans le même temps annoncé qu'il allait arrêter de tweeter en séance. Son collègue UMP Guillaume Larrivé renchérissait sur le même thème. Julien Aubert (UMP) annonçait suspendre son compte, évoquant "manque de respect" et "manque de concentration". Son compte n'était pas suspendu mais simplement disponible en mode privé, c'est à dire accessible aux seuls internautes autorisés par l'élu.
Depuis la semaine dernière, les tweets des députés font irruption régulièrement, et de manière inédite, dans l'hémicycle. Il n'est désormais plus rare de voir un député se lever, lire, et protester contre un tweet d'un député de l'autre camp. Quand Jérôme Guedj (PS) tweete "ils souillent le débat", l'UMP fait rappel au règlement. Lorsque Marc Le Fur (UMP) renvoie une photo mal légendée d'un député PS jouant au scrabble, ce sont les socialistes qui brandissent le règlement.
Signe que les parlementaires ne sont pas tous à l'aise avec l'outil, certains lisent des tweets sur papier et se méprennent parfois sur leurs auteurs.
Mais, pour le président de l'Assemblée PS Claude Bartolone, pas question de couper le wi-fi. L'installation de l'internet sans fil a été avalisé cet été juste après son arrivée. A noter qu'il est interdit de téléphoner même s'il n'est pas rare de voir un député discrètement décrocher avant de sortir.
"Il n'y aura pas d'interdiction du wi-fi parce qu'aujourd'hui les méthodes de communications électroniques font partie de la vie, mais je veux qu'il y ait une règle du jeu", dit en revanche M. Bartolone. Il annonce que le groupe de travail qui réfléchit au fonctionnement de l'Assemblée va aussi réfléchir "à l'utilisation des réseaux sociaux".
Se refusant à faire la police des tweets des députés, et déplorant tout propos qui serait "insupportable" d'un député sur un autre, M. Bartolone a cependant confié qu'il surveillait les messages du coin de l'oeil...
Lui-même très porté sur Twitter, le député écologiste François de Rugy s'insurge à l'idée qu'on coupe le wi-fi. Il s'est "battu", dit-il, pour avoir accès à internet sous l'ancienne mandature et croit plutôt à l'"autorégulation".
"C'est intéressant qu'il y ait une interaction entre les débats de l'Assemblée et l'extérieur", poursuit-il. Pour lui, c'est la nature du débat sur le mariage, propice aux dérapages, qui suscite autant de tweets.
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, s'est elle aussi satisfaite que "les réseaux sociaux" permettent de "partager largement" les débats.
Yann Galut, député PS très actif sur le réseau social, fait lui aussi la "grève" des tweets "pour dénoncer la volonté de censure de l'UMP". Pour Laurent Grandguillaume (PS), "avec les réseaux sociaux, tous les parlementaires sont sur le même pied d'égalité", écrit-il sur son compte twitter.
Certains députés PS, las d'écouter l'opposition et contraints au silence parce qu'ils appartiennent à la majorité, s'expriment beaucoup sur Twitter depuis la semaine. D'autant que les débats sont très commentés.
Seul sanctuaire les réunions de commission à huis clos.
Lionel Tardy (UMP), premier "twitto" de l'Assemblée, avait crée l'émoi et soulevé des critiques de ses pairs en 2010 en tweetant des extraits de l'audition de l'ex-sélectionneur de l'équipe de France de football Raymond Domenech.