"Si nous ne faisons rien, la génération de déchets plastique triplera encore d’ici 2060. La pollution plastique, c’est donc une bombe à retardement en même temps qu’un fléau déjà présent". 

Emmanuel Macron s'est exprimé lundi 29 mai dans un message vidéo adressé aux représentants de 175 nations réunis au siège de l'Unesco jusqu'à vendredi, à l'occasion lors la reprise à Paris des négociations sur un futur traité mondial contre cette pollution d'ampleur.

Pour une interdiction des plastiques à usages uniques

Selon le chef de l'Etat, "il nous faut définitivement mettre fin à un modèle globalisé et insoutenable qui consiste à produire le plastique en Chine ou dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, NDLR), pour ensuite l’exporter sous forme de déchets vers les pays en développement, qui sont pourtant moins bien équipés en systèmes de traitements de déchets". "L’objectif premier doit être de réduire la production de nouveaux plastiques et d’interdire dès que possible les produits plus polluants – comme les plastiques à usage unique – et les plus dangereux pour la santé", détaille Emmanuel Macron.

"Une solidarité vis-à-vis des pays les plus pauvres"

Alors que "15 % du plastique seulement est recyclé à l’échelle mondiale", "100 % des plastiques mis sur le marché doivent demain être entièrement recyclables", poursuit-il, en plaidant comme une cinquantaine d'autres pays pour une fin de la pollution plastique d'ici à 2040. "Il nous faut aussi nous donner les moyens d’innover plus fort, et plus vite, pour substituer au plastique des alternatives réellement écologiques", a-t-il poursuivi. 

Et il estime qu'il faut "mieux partager les solutions, les technologies, et assurer une solidarité vis-à-vis des pays les plus pauvres". 

Le plastique multiplié par deux en 20 ans 

Les négociations sont délicates entre des pays aux ambitions divergentes, pour tenter de parvenir à un accord historique couvrant l'intégralité du cycle de vie du plastique. Le président de la République rappelle "l’objectif d’aboutir à un texte agréé d’ici la fin de l’année 2024, un an avant la conférence des Nations unies sur l’Océan à Nice".

La production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d'ici 2060 si rien n'est fait. Or les deux tiers de cette production mondiale ont une faible durée de vie et deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations. 22 % sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature) et moins de 10 % sont recyclés.

Plastique partout 

Le plastique, issu de la pétrochimie, est partout:  emballages, fibres de vêtements, matériel de construction, outils médicaux... Des déchets de toutes tailles se retrouvent au fond des océans, dans la banquise, l'estomac des oiseaux et même au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta

Il y a un peu plus d'un an à Nairobi (Kenya), un accord de principe a été trouvé pour mettre fin à la pollution du plastique dans le monde, avec l'ambition d'élaborer d'ici à la fin 2024 un traité juridiquement contraignant sous l'égide des Nations unies.  Un sommet avec les ministres ou représentants d'une soixantaine de pays a été organisé par la France samedi à Paris, afin de donner de l'élan aux négociations.