Des pénuries qui touchent aussi une ville comme Rennes. Le parcours du combattant des étudiants fait craindre des risques de décrochage.
Etudiant le jour, sans domicile fixe la nuit. Quelques semaine après la rentrée, une vingtaine d'étudiants dorment dans la rue à Angers (Maine-et-Loire) en raison de la pénurie de logements. Une crise d'une ampleur inédite constaté par les assistants sociaux de l'université d'Angers, selon France 3.
D'autres étudiants ont eu plus de chances, ils ont poussé la porte d'un hôtel, ou d'un camping. A Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire), au sud d'Angers, on peut croiser au pied des tentes Boris, en 4e année d'études de commerce. "Elle me permet de ranger, de stocker des affaires. Et forcément, elle me sert à dormir", a-t-il détaillé à France 3.
Depuis son arrivée à Angers, Boris a répondu à des centaines d'annonces. "Sur une vingtaine de jours, j'étais peut-être à 4, 5, 6 heures par jour de recherche, tout le temps. C'est autant de temps de stress, puisque forcément on n'a pas de réponse", a-t-il expliqué. "Les chances qui se rapprochent et qui s'amenuisent, ça finit par être psychologiquement un peu lourd", a-t-il ajouté. Il espère encore trouver un logement.
Le service social de l'Université d'Angers reçoit de nombreuses demandes. Parmi les solutions temporaires proposées, une prise en charge des frais d'hôtel ou encore des vêtements chauds. "Sur la situation, notamment actuelle au niveau du logement, on lui demande s'il est à la rue, s'il est hébergé temporairement, s'il connaît des gens sur Angers qui pourraient possiblement l'héberger ? En fonction de tous ces paramètres, on essaie de trouver une solution la plus adéquate possible", a détaillé Pierre-Jean Perrocheau, assistant social auprès des étudiants à l'Université d'Angers.
Les syndicats étudiants dénoncent eux la pénurie de logements. Le Crous ne dispose que de 2500 places permettant de loger 5 % des étudiants, soit deux fois moins que la moyenne nationale. "Cette situation s'explique par un manque d'investissement dans le logement de la paire du Crous et une confiance aveugle de la mairie dans le Crous. Il y en a des solutions et ce serait une prise de responsabilité des pouvoirs publics", a souligné Samuel Bourillon, président de l'Unef Angers.
La crise de l'immobilier vient aggraver la pénurie. Du côté des logements privés, le nombre d'annonces a chuté de 25 %, en trois ans.
Une pénurie observée aussi dans les Pyrénées-Atlantiques. Environ 130 élèves d’une école d’ingénieurs sont logés dans un camping, à Bidart, près de Biarritz. Des étudiants qui devront laisser la place en juin aux touristes.
A Rennes, "les étudiants dorment chez l'un, chez l'autre, voire dans leur voiture"
A Rennes aussi, les étudiants peinent à trouver des hébergements. Déjà en 2022, "des étudiants avaient abandonné leur master, faute de logement", a indiqué à l'AFP Cécile Lecomte, vice-présidente vie étudiante de l'université de Rennes, forte de 37.500 étudiants. Pour cette nouvelle rentrée, "ça se dégrade". "Sans logement, impossible de suivre des études correctement. Les étudiants dorment chez l'un, chez l'autre, voire dans leur voiture", a-t-elle déploré.
Mi-septembre, le directeur de l'université de Rennes, David Alis, a lancé un appel aux personnels disposant "d'une chambre ou d'un logement vacant" pour "pouvoir offrir de nouvelles propositions aux étudiant.e.s de notre université sans logement le plus rapidement possible".
Dans le secteur privé, "on va vers une pénurie de logements locatifs" avec des appartements vieillissants, dont certains vont tomber sous le coup de l'interdiction progressive de louer des passoires thermiques, et un nombre de constructions neuves en forte baisse à Rennes, s'est alarmé Jérôme Lebrun, président de la chambre locale de la Fédération nationale de l'Immobilier (Fnaim).
La métropole de Rennes cherche des solutions d'urgence et à plus long terme. A court terme, ça peut être "de l'habitat conteneur comme il en existe au Havre, ça peut être développé en six mois", "des colocations dites solidaires" à loyer modéré dans des quartiers populaires contre du bénévolat, ou "utiliser des logements en attente de réhabilitation pour y installer des colocations étudiantes", a énuméré à l'AFP Honoré Puil, vice-président de Rennes métropole en charge de l'habitat.
A plus long terme, "2.250 logements étudiants vont sortir de terre entre 2023 et 2027", a-t-il précisé, avec 300 nouvelles places pour des étudiants boursiers. Pour chacune de ses 5.600 chambres, le Crous a reçu quatre demandes.