Une petite communauté a organisé en Bosnie, qui est loin de figurer parmi les leaders des nouvelles technologies, l'impression en 3D de masques destinés au personnel médical, en première ligne dans la lutte contre le nouveau coronavirus.

Il n'est plus possible depuis des semaines de trouver de tels équipements dans les pharmacies de ce pays pauvre de 3,5 millions d'habitants. Les autorités ont passé des commandes à l'étranger, mais, avec la forte demande au niveau international, les livraisons risquent de tarder.

Cependant, quelques professeurs et étudiants de l'université de Zenica, une petite ville de Bosnie centrale, se sont mis à fabriquer à l'aide d'imprimantes 3D des masques spéciaux, plus précisément les pare-visages qui sont gratuitement distribués dans les hôpitaux et les ambulances.

Les premiers exemplaires ont été faits samedi dans le petit laboratoire (iDEAlab) de la Faculté d'ingénierie et des technologies où cinq imprimantes sont en service 24h/24, raconte à l'AFP Mirza Oruc, 38 ans, un des initiateurs du projet.

"Nous imprimons actuellement à Zenica à quatre endroits, sur une quinzaine d'imprimantes, afin de réduire au maximum le contact entre les gens" et donc la transmission du virus, dit celui-ci, professeur à la faculté de médecine.

Ils ont pris pour modèle un type de visière, dont le dessin a été mis en ligne gratuitement par la compagnie chèque Prusa, un fabricant d'imprimantes 3D, et l'ont adapté aux besoins du moment, en coopération avec l'hôpital de Zenica.

 
 
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"Ces visières sont principalement destinées au personnel médical qui est en contact direct avec les patients", explique le jeune professeur.

Environ 180 personnes ont à ce jour été contaminées par le nouveau coronavirus en Bosnie. Trois personnes y sont mortes du Covid-19. Les autorités ont décrété l'état de catastrophe, mis à l'arrêt toute activité non-essentielle et introduit un couvre-feu nocturne.

"Les étudiants ne viennent plus en cours depuis le 13 mars, mais la faculté s'est mise à disposition de la société dans ces circonstances spécifiques par un travail spécifique", se félicite le doyen de la faculté Fuad Hadzikadunic, qui supervise la fabrication de masques.

Un des étudiants, Belmin Hinovic, 24 ans, raconte que les cadres en plastique qui se fixent en bas et en haut de la visière en plexiglas sont imprimés en technologie 3D.

"Au départ, il nous fallait quatre heures environ pour imprimer ces éléments pour un masque. Mais comme la demande augmente considérablement, nous essayons d'accélérer le processus d'impression et nous pouvons désormais faire un masque en trois heures", précise-t-il.

L'idée s'est répandue comme une traînée de poudre en Bosnie. Les institutions, notamment les écoles, et le secteur privé ont mis à disposition leurs imprimantes dans une dizaine de villes. Plusieurs entreprises ont envoyé du matériel nécessaire, des bobines de filament pour impression et le plexiglas.

"La petite communauté grandit et plus de cent imprimantes tournent actuellement à cet effet", souligne Mirza Oruc.