D'imposants dispositifs policiers sont mis en place à chaque étape de son déplacement sous cloche.

Près d'un an après son arrivée à Matignon, Elisabeth Borne s'est rendue pour la première dans un territoire ultramarin pour aborder des sujets de "vie quotidienne", y apporter des solutions "concrètes", et démontrer que l'exécutif sait travailler avec les élus locaux, toutes tendances confondues, "dans l'intérêt général", loin des négociations insolubles à l'Assemblée nationale.

Mais dès son arrivée à Saint-Denis-de-La-Réunion, quelques dizaines de manifestants l'attendaient à l'aéroport. "Depuis plus de quatre mois, on a pas de dialogue, le gouvernement ferme ses oreilles pour ne pas nous entendre. C’est intolérable", s'est indigné Karl Maillot de la CFDT Réunion, sur Réunion La 1ère.

"Il n’y a aucune attente à avoir, mais nous voulons pas qu’elle reparte en pensant que tout va bien ici et qu’il n’y a pas de contestation", a expliqué de son côté Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU. "Elle doit entendre, à défaut d’écouter, mais au moins entendre les protestations", a-t-elle ajouté.

"C’est pas parce qu’on est à La Réunion qu’ils n’auront pas de casserolades"

Le cortège officiel a quitté l'aéroport sous un imposant dispositif policier en évitant des manifestants et leurs casseroles. "On s’y attendait, mais on ne s’attendait pas à un tel déploiement des forces de l’ordre, ça prouve le niveau d’impopularité de ce gouvernement", a estimé Pierrick Olivier, secrétaire confédéral de la CGTR. "Ils savent qu’ils auront des manifestations, c’est pas parce qu’on est à La Réunion qu’ils n’auront pas de casserolades", a-t-il déclaré.

Le déplacement d'Elisabeth Borne a débuté par un dépôt de gerbe au Monument aux morts de Saint-Denis. Le quartier a été entièrement bouclé par les forces de l'ordre pour cette rapide cérémonie.

La cheffe du gouvernement qui s'est ensuite rendue au centre de l'île à Salazie, une des communes les plus pauvres. Durant ses échanges avec des élus et des habitants, les opposants et leurs casseroles ont été maintenus à bonne distance. Un important dispositif de sécurité entourait le Conseil départemental, pour une trentaine de manifestants.

Devant la préfecture, où Mme Borne s'est rendue en début de soirée, une vingtaine de personnes munies de casseroles et de cornes de brume ont été repoussées sans heurts par les forces de l'ordre.

"On a combattu pendant trois mois cette réforme des retraites non seulement pare qu'elle est injuste, mais aussi parce qu'ici à La Réunion, la pauvreté, la misère, les bas salaires, le mal-logement sont légion. Et ne pas entendre la parole de la population est injuste et indigne", a déclaré à l'AFP, Marie-Hélène Dor.

La Première ministre qui a réagi à cette mobilisation. "Je suis à la disposition de l'intersyndicale si elle souhaite qu'on puisse parler. S'il s'agit de taper sur des casseroles, ce n'est pas très constructif", a-t-elle déclaré.