Ils disent ne pas se faire "d'illusion". A la veille des réunions sur l'initiative politique d'Emmanuel Macron, prévues mercredi 28 août à Saint-Denis, les partis de gauche ont annoncé leur boycott partiel et réclamé de nouveau un référendum sur la réforme des retraites.
Alors que le chef de l'Etat veut convaincre les formations représentées au Parlement de bâtir "ensemble" des textes législatifs et de s'entendre éventuellement sur des référendums, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) répond d'une seule voix, malgré des mois de tensions internes liées notamment aux prochaines élections européennes. Dans un courrier particulièrement sévère à l'adresse du chef de l'Etat, les quatre principaux partis de la Nupes (LFI, EELV, PS, PCF) affirment qu'"au vu du contenu de la politique" d'Emmanuel Macron et "des termes de (son) invitation", ils ne se font "pas d'illusion" sur ses objectifs, se disant "habitués" à ses "opérations de communication sans lendemain et sans effets". "Nous ne voulons pas participer à nouveau à une mise en scène médiatique. C’est la raison pour laquelle nous ne participerons pas au dîner que vous organisez en soirée", argument-ils.
Les chefs des partis sont conviés à une après-midi de discussions et un dîner, une "main tendue loyalement", selon Emmanuel Macron, quelques semaines après de violentes émeutes urbaines qui ont remis au premier plan les questions d'ordre, d'intégration, d'éducation et d'autorité. Selon l'Elysée, le dîner de travail doit être consacré à la troisième partie de l'ordre du jour, celle consacrée à la "cohésion de la Nation". Emmanuel Macron souhaite aussi débattre des conséquences pour la France de la situation internationale et des réformes institutionnelles. Les chefs de la Nupes se disent notamment "interloqués" par le courrier d'Emmanuel Macron. "Vous y écrivez que depuis un an, vous déroulez 'une politique d’indépendance et de justice'. Nous ne le croyons pas. Vous y indiquez avoir 'su forger des compromis utiles' et avoir mis en place 'des solutions concrètes pour notre école ou notre santé'. Nous ne les voyons pas", martèlent-ils. Tous ensemble, ils porteront notamment mercredi après-midi des propositions sur les difficultés de recrutement dans l’Education nationale, l'augmentation du prix des fournitures scolaires, le coût de la vie étudiante, le prix de l'électricité, du carburant et l'inflation sur les produits alimentaires. Et surtout, ils réclameront un référendum sur la réforme des retraites, sujet contre lequel la Nupes a bataillé pendant plusieurs mois à l'Assemblée nationale. C'est "le seul projet de référendum qu’attendent les Françaises et les Français", affirment-ils.
Mais à droite et à l'extrême droite, c'est d'immigration que les chefs de partis veulent parler. Le patron des Républicains Eric Ciotti réclamera un référendum sur le sujet. Même demande de la part du président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella, qui veut que les Français soient consultés le 9 juin 2024, en même temps que les élections européennes.
Après avoir voulu écarter le RN et La France insoumise (LFI), l'Elysée s'était ravisé et a finalement convié ces deux formations que la macronie juge pourtant hors de "l'arc républicain". Le boycott partiel de la gauche augure mal de cette rencontre, que le chef de l'Etat a lancé pour tenter de débloquer une situation parlementaire toujours aussi complexe. L'objectif est de rechercher au cas par cas, sur des thèmes-clés mais souvent clivants comme l'immigration, l'ordre, le travail, les services publics ou encore l'écologie, la majorité absolue dont le président est dépourvu à l'Assemblée nationale depuis sa réélection en 2022. Mais pour le patron des socialistes Olivier Faure, cette rencontre est surtout "un nouveau bidule", et "un barnum surtout destiné à Éric Ciotti, le seul qui a été appelé" directement par Emmanuel Macron pour lui expliquer son initiative. "Nous sommes des figurants dans cette affaire". En attendant, Emmanuel Macron a réuni une partie du gouvernement mardi matin et recevra les principaux ténors de la majorité dans la soirée afin de préparer la rencontre de mercredi. Elle se tiendra à l'école de la Légion d'honneur de Saint-Denis, près de Paris.