L’Union européenne tente de s’entendre sur les propositions de la Commission pour contrer la flambée des prix de l’énergie. À l'occasion d’une réunion à Bruxelles, les 27 ministres de l’Énergie de l’UE se concertent sur un texte qui renforcera sa solidarité face à l'inflation.

L’UE prévoit des achats groupés de gaz, ainsi qu’un mécanisme garantissant que tout pays menacé de pénurie recevra du gaz d'autres États membres.

Il prévoit aussi des "coupe-circuits" pour limiter la volatilité des prix des hydrocarbures sur les marchés. Un second texte sur la table, également préparé par la Commission, vise, pour une durée d'un an, à simplifier et à accélérer les autorisations d'installations de pompes à chaleur et de panneaux solaires, en vue de doper la production d'électricité "verte".

Plusieurs pays indignés par l'"inefficacité" du plafonnement du prix du gaz

Les deux premiers textes font consensus. Mais la troisième proposition de la Commission, qui est de plafonner les cours du gaz, suscite une levée de boucliers. Dévoilé mardi 22 novembre, ce dispositif consisterait à plafonner pendant un an les prix des contrats mensuels sur le marché gazier de référence TTF.

Ce plafonnement interviendrait dès que les prix dépassent 275 euros/MWh pendant deux semaines consécutives, ce qui ne s'est jamais produit, même au plus fort de la flambée des cours en août dernier.

Parmi les voix mécontentes a retenti celle du ministre grec Konstantinos Skrekas : "À ce niveau, ce n'est pas un plafond ! Ces prix menacent les ménages et entreprises, nous avons perdu trop de temps sans résultats", s’est-il indigné, estimant que tout accord sur les mesures de solidarité et d'achats communs serait conditionné à un plafonnement effectif des prix.

Agnès Pannier-Runacher invite ses homologues à ne "pas tout mélanger"

La Pologne et l’Espagne ont aussi manifesté leur désaccord concernant la proposition de la Commission : "C'est une plaisanterie ! Il fait -10 degrés chez nous", a déclaré la ministre polonaise Anna Moskwa. "Nous ne voulons pas continuer à discourir sur la solidarité ou les renouvelables, il faut discuter dès maintenant d'un plafond des prix du gaz", a-t-elle poursuivi, en exigeant un nouveau texte de l’exécutif "dans les prochains jours".

La ministre espagnole Teresa Ribera a fustigé la proposition de la Commission "inapplicable et inefficace" pour plafonner les prix, soulignant "la grande inquiétude d'une large majorité d'États membres" à ce sujet.

Son homologue belge Tinne van der Straeten a souligné l’importance d’arriver à un accord simultané sur tous les dossiers : "Je ne pense pas que ce soit possible aujourd'hui", a-t-elle estimé.

Considérant que le plafonnement proposé est "insuffisant" et "certainement pas une réponse à l'envolée des prix" qui menace l'industrie européenne, la ministre française Agnès Pannier-Runacher a cependant appelé à approuver dès jeudi les autres textes. "Il ne faut pas tout mélanger et avancer là où on peut", a-t-elle plaidé.