Taxer les plus fortunés pour éponger la dette engendrée par la crise sanitaire ? Alors que les milliardaires se font de plus en plus nombreux et de plus en plus fortunés en France, plus de 6 Français sur 10 se disent favorables à cette idée, selon un sondage Odoxa pour 'BFM Business', 'Challenges' et 'Aviva', dévoilé ce jeudi.

"Pour réduire la dette créée par la crise, les deux tiers des Français demandent une taxation des grandes fortunes (66%). Cette taxation passerait davantage pour eux par un impôt sur les hauts revenus (46%), que par un nouvel impôt sur la fortune (38%) ou, pire encore, une augmentation des droits de succession (15%)", détaille l'enquête menée auprès d'un échantillon de Français interrogées par Internet les 30 juin et 1er juillet.

"Les Français - même les plus pauvres - demeures irréductiblement hostiles à toutes les taxations possibles sur les héritages. Ils veulent tous pouvoir léguer le fruit de leur travail à leurs enfants sans que l'Etat ne puisse trop prélever sa dîme", commente le président d'Odoxa Gaël Sliman.

A partir de 600.000 euros de patrimoine

Concernant les plus fortunés qu'il faudra taxer, les Français considèrent "que l'on est suffisamment 'riche' pour se voir prélever un impôt sur la fortune" à partir de 600.000 euros de patrimoine. En effet, 43% des personnes interrogées ont fixé ce seuil.

En outre, 29% des sondés établissent ce seuil à 1,3 million d'euros, comme l'est actuellement l'IFI et 18% à 4 millions d'euros (le seuil des 1% les plus riches visés par Joe Biden). "Seulement 1 Français sur 10 (10%) pense qu'il ne faudrait taxer que les seuls milliardaires", précise l'étude.

Bruno Le Maire rejette cette idée

Invité sur 'BFMTV' ce jeudi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a dit refuser "cette facilité de l'augmentation systématique des impôts". S'il a souligné la nécessité de "lutter contre les inégalités", il estime que taxer "les plus riches encore davantage" n'est pas "la solution".

"C'est toujours de la même façon que cela commence : on commence à surtaxer les plus riches qui peuvent payer, puis on se dit que cela ne rapporte pas beaucoup, donc on va sur les classes moyennes supérieures, puis les classes moyennes, puis des gens qui ont des niveaux de revenus qui sont assez modestes", a expliqué le locataire de Bercy.

Par ailleurs, l'étude cite deux autres possibilités moins plébiscitées par les Français pour rembourser la dette créée par la crise du Covid-19 : 38% des sondés sont pour "la réduction des dépenses publiques en diminuant notamment le nombre de fonctionnaires" et 19% sont favorables à "une réforme des retraites en augmentant notamment l'âge légal de départ à la retraite"