La boule au ventre ou décontractés, quelque 740.000 candidats ont franchi lundi les portes des lycées pour passer la première épreuve écrite du bac, qui devrait se dérouler "normalement" selon le ministère malgré un appel à une grève de la surveillance.

A 08H00, les 554.000 candidats des bacs généraux et technologiques ont découvert leur sujet de philosophie. Pour les 190.000 candidats du bac professionnel, ce sera l'épreuve de français, à 09H30.

Quelques minutes avant l'ouverture des portes du lycée Janson-de-Sailly, dans le XVIe arrondissement à Paris, Julien, en Terminale scientifique, "revoi(t) la méthodologie" sur son smartphone. Il n'a consacré que la journée de dimanche à la révision de cette matière mais estime qu'"il n'y a pas de raison de stresser".

Plus loin, Marine, en économique et sociale, a retrouvé ses copines dès 07H00. "Je suis stressée. Si on se loupe aujourd'hui, ça ne motive pas pour le reste de la semaine".

Selon les premiers décomptes, pas de prof absent dans cet établissement, le plus gros de France en nombre d'élèves, a indiqué son proviseur Patrick Sorin.

L'an dernier, un mouvement social à la SNCF avait fait craindre des perturbations. Cette année, pour la première fois depuis 2003, des syndicats de professeurs appellent à une grève de la surveillance lundi pour protester contre la réforme du bac, qui entrera en vigueur en 2021.

"Les épreuves vont se passer normalement", a assuré une nouvelle fois le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, sur France Inter. La rue de Grenelle a donné des consignes aux chefs des 4.635 centres d'examen pour qu'ils prévoient un volant de remplaçants.

"Nous n'avons jamais eu l'intention de perturber le déroulement des épreuves. En nous mettant en grève, nous savons que l'administration a les moyens de faire face à la situation", indiquaient la semaine dernière des professeurs mobilisés au lycée Flora-Tristan à Noisy-Le Grand (Seine-Saint-Denis), qui soulignent la dimension "symbolique" de leur acte.

Dans cet établissement, un quart des 60 enseignants convoqués lundi s'est prononcé pour la grève. "C'est un crève-cœur. Il y a certains élèves qu'on suit depuis trois ans", déclare une professeure d'anglais, non syndiquée, qui ne viendra pas travailler lundi alors qu'elle devait assurer une partie de l'intendance. 

 

Elle s'est toutefois portée volontaire pour organiser les salles et préparer les copies vierges dès vendredi après-midi.

- Bac "local"  -

L'intersyndicale ayant appelé à la grève --qui regroupe notamment le Snes-FSU, premier syndicat chez les enseignants du secondaire, et SUD-Éducation -- entend protester contre la réforme du bac qui réduira notamment le nombre d'épreuves finales de l'examen au profit du contrôle continu et s'accompagne d'une refonte de l'enseignement au lycée. 

Les syndicats voient dans cette transformation l'instauration d'un bac "local", dont la valeur dépendra du lycée dans lequel le jeune aura effectué sa scolarité, et s'attendent à "un rythme effréné d'évaluations" via le contrôle continu.

Ils se disent par ailleurs exaspérés par ce qu'ils voient comme une absence de réponse du ministre à leurs inquiétudes sur la  réforme de cet examen bicentenaire.

L'épreuve de philosophie, qui depuis les années 70 donne le coup d'envoi de la semaine d'épreuves pour une grande partie des candidats, sera maintenue dans le nouveau bac.

L'après-midi dans les centres d'examen sera consacrée à l'épreuve anticipée de français pour les élèves de première en bac général et technologique.

Les épreuves du bac se termineront le 24 juin pour les filières scientifiques (S) et littéraires (L), et dès le 21 juin pour la filière économique et sociale (ES). Dans la voie pro, où les jeunes ont déjà passé plusieurs épreuves, les examens se dérouleront du lundi au mercredi.

Pendant la semaine d'épreuves, la procédure d'admission dans le supérieur, Parcoursup, est par ailleurs suspendue. Elle reprendra le 25 juin, avec une nouvelle phase dite complémentaire, qui permettra aux candidats de formuler des vœux sur des places restées vacantes sur la plateforme. 

Les résultats du bac seront connus le 5 juillet et les rattrapages s'étaleront jusqu'au 10. Depuis 2012, le taux de réussite dépasse les 80%. En 2018, 88,2% des candidats ont empoché le diplôme. Mais la proportion de bacheliers dans une génération est nettement plus faible: un jeune sur cinq âgé de 18 ans n'avait pas le bac en 2018.