Les traversées illégales de la Manche font de nouveau l'objet de frictions entre Paris et Londres. Ce week-end, le Royaume-Uni a secouru ou intercepté au total 1 115 migrants traversant la manche à bord de petites embarcations, tandis que la France a secouru 342 migrants dimanche au large du détroit du Pas-de-Calais.

Alors que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin réclame à Londres un traité et de de l'argent, la maire de Calais en appelle de son côté à Emmanuel Macron.

En dehors des sauvetages en mer, se posent le problème des migrants qui sont installés en Calaisis en attendant de pouvoir traverser la Manche, souligne lundi 11 octobre sur franceinfo Natacha Bouchart. "Dans la ville, on a environ 1.500 migrants, dans l'agglomération, un peu plus 600. Donc on a environ entre 1.500 et plus de 2.000 personnes qui sont en attente et qui s'organisent avec les passeurs pour pouvoir faire ce passage qui coûte cher, environ 7.000 euros", précise l'élue Les Républicains, en accusant directement le Royaume-Uni.

"Les Britanniques incapables de réformer leur Code du travail"

"Les Britanniques sont des personnes cyniques, ironiques, incapables de réformer leur Code du travail parce qu'il est bien là, le problème, et que c'est eux, en fait, qui favorisent largement le travail illégal et donc renforcent l'appel d'air", dénonce-t-elle. "Aujourd'hui, Calais est une ville frontière, il est temps de rompre l'accord d'il y a maintenant plus de vingt ans et d'en remettre les tenants et les aboutissants sur la table, puisque eux ne font aucun effort", déplore-t-elle. 

"C'est un bras de fer avec le gouvernement britannique qui ne peut pas continuer à nous imposer ses règles de vie alors qu'il nous accuse et que, dans le même temps, il est incapable de régler son code du travail et la façon dont il accueille les migrants. Donc, soit les Britanniques veulent une politique migratoire qu'ils maîtrisent et dans ces cas-là, ils n'ont qu'à réformer leur pays", insiste-t-elle.

Plus de 64,4 millions d'euros réclamés

La question des migrants entre Paris et Londres est régie depuis près de vingt ans par les accords du Touquet, qui visent à entraver l'immigration irrégulière en Grande-Bretagne en renforçant les contrôles au départ de la France. Londres s'est engagé, fin juillet, à payer 64,4 millions d'euros entre 2021 et 2022 "afin d'appuyer la France dans son action d'équipement et de lutte contre l'immigration irrégulière" et pour financer le renforcement des contrôles sur les côtes. " Le gouvernement (britannique) n'a pas payé, pour l'instant, ce qu'il nous a promis", a affirmé samedi Gérald Darmanin, en appelant "les Anglais à tenir leur promesse de financement puisque nous tenons la frontière pour eux."

"Cette somme réclamée, ce n'est rien par rapport à 1.500 passages, à 7.000 euros le passage. On est sur des sommes à quasiment un million par nuit. Et si on veut s'attaquer vraiment aux sujets, aux problèmes, il faudra beaucoup plus", martèle lundi Natacha Bouchart, qui "considère qu'aujourd'hui il est important pour la France de dépasser le cadre du ministère de l'Intérieur". 

La maire en appelle ainsi à Emmanuel Macron pour "réunir le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Justice, le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l'Économie et surtout qu'ils soient tous ensemble et qu'ils viennent faire cette réunion de travail qui n'a jamais eu lieu avec le maire de Calais." "Il n'y a que le président de la République qui peut provoquer cette réunion", estime-t-elle.

"Calais aujourd'hui est une vraie zone frontière et on peut y mettre d'autres dispositifs beaucoup plus fermes vis-à-vis des passeurs, beaucoup plus fermes vis-à-vis des Britanniques, beaucoup plus fermes vis-à-vis de certaines associations. Et donc, il faut être clair. Et aujourd'hui, il n'y a rien de clair. Et ce n'est pas seulement, en mettant des hommes et en achetant des drones qu'on va régler très clairement le fond du problème", répète-t-elle.