Vêtu d'un simple caleçon noir, Pavel Kalina enroule son corps musculeux autour d'un poteau de bois érigé dans une salle de Bombay, enchaînant les postures sous les applaudissements lors des premiers championnats du monde de Mallakhamb, une très ancienne discipline sportive indienne.

Né dans l'ouest de l'Inde, ce sport traditionnel, dont les traces écrites remontent au XIIe siècle, s'apparente à la fois à la gymnatique et au yoga. D'où son surnom de "yoga sur poteau".

"Je la pratique parce que je suis fou", confie à l'AFP Pavel Kalina, un Tchèque de 55 ans qui peine à reprendre son souffle après les deux très intenses minutes de son programme sur le poteau, qui est enduit d'huile de ricin pour limiter les frottements avec la peau.

"Pour être honnête, c'est une torture. Mais j'ai beaucoup d'énergie à dépenser", ajoute l'ancien gymnaste, qui pratique le Mallakhamb depuis 10 ans.

Une centaine de sportifs provenant de 15 pays, dont la France, l'Allemagne ou le Vietnam, ont participé ce week-end aux premiers championnats du monde de cette discipline peu connue en dehors de l'Inde.

"Malla signifie lutteur et khamb signifie poteau", explique Uday Deshpande, 65 ans, l'organisateur de l'événement, et pratiquant le plus renommé de la discipline.

"Le poteau mesure huit pieds et demi (2,6 mètres). Il est lisse, très bien poli et plat à son sommet", poursuit-il. Les pratiquants de Mallakhamb y enchaînent les exercices acrobatiques et les pauses évoquant diverses postures de yoga.

"En l'absence d'adversaire, c'est contre lui [le poteau] que vous luttez".

Les hommes, pour la plupart en maillot de bain, et les femmes, en justaucorps, réalisent des prouesses acrobatiques sur ce cylindre de 35 cm de circonférence, sous les yeux ébahis des spectateurs.

Mais il n'est pas seulement question de force physique, explique M. Deshpande.

"Faire du yoga au sol a beaucoup de vertus pour ce qui est de la méditation, la respiration et la concentration", dit-il à l'AFP. "Faire du yoga à huit pieds du sol développe aussi sa confiance en soi, son courage." 

C'est pour promouvoir mondialement cette discipline qu'il a organisé ces championnats. Son rêve est que le mallakhamb soit un jour aux Jeux Asiatiques et, pourquoi pas, aux Jeux olympiques.

"Nous voulons propager à l'étranger cet aspect de la culture traditionnelle indienne", poursuit-il.

Une variante du mallakhamb se pratique sur une corde, évoquant les numéros de corde lisse au cirque.

"Vous avez un sentiment d'accomplissement et vous développez votre force et votre souplesse", explique à l'AFP l'Iranienne Faezeh Jalali, 39 ans.

"C'est fou ce dont le corps humain est capable."