Dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 août, le Sénat a voté, contre l'avis du gouvernement, la pérennisation de la possibilité pour les entreprises de racheter aux salariés les jours de RTT - l'exécutif souhaite que cette mesure s'arrête le 31 décembre 2023. "On est en train en pleine nuit au mois d'août d'enterrer les 35 heures", a accusé l'écologiste Thomas Dossus, le socialiste David Assouline parlant "de coup de force".

Sur les ondes de RTL ce mercredi, le patron des sénateurs LR et sénateur de la Vendée, Bruno Retailleau a assuré : "J'assume" de faire exploser le cadre des 35 heures.

"Il y a 20 ans, un Allemand et un Français, même niveau de vie.

20 ans après, la différence de niveau de vie - du pouvoir d'achat - c'est 5.000 euros de moins pour un Français par rapport à un Allemand. Vous savez pourquoi ? En France, on fait les 35 heures et les Allemands font l'inverse", a-t-il comparé.

"Il ne faut plus mentir aux Français. On a effacé une partie des effets, des conséquences absolument néfastes, des 35 heures. On ne peut pas être le pays qui travaille le moins en Europe, qui dépense le plus, on a besoin d'un modèle social généreux et on ne peut le faire qu'en injectant du travail. (...) C'est comme ça qu'on donne du pouvoir d'achat aux Françaises et aux Français", a poursuivi Bruno Retailleau.

"Nous voudrions pérenniser la question du rachat des RTT. C'est une liberté, c'est un choix de l'employeur et de l'employé, il va choisir entre le loisir ou le pouvoir d'achat", a-t-il déclaré.

Une "régression sociale"

La veille, le président de la CFE-CGC, François Hommeril - signataire d'une tribune dans le JDD dénonçant la mesure - a estimé quant à lui que, la possibilité de rachat des RTT, c'est "travailler plus pour gagner moins", sur France Info. "Dans cette opération de monétisation des RTT, ces heures sont valorisées à 10% en supplément de leur valeur, alors que ce sont des heures supplémentaires. Et au lieu de les rémunérer avec une majoration de 25%, on va autoriser l'employeur à ne le faire que de 10%", a-t-il déploré.

"Par ailleurs, on va l'exonérer de ses cotisations d'employeur. Mais qui va payer ses cotisations en remplacement ? C'est l'impôt. Ce sont les salariés. C'est définitivement inacceptable et il s'agit effectivement d'une régression sociale", a souligné François Hommeril.